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mercredi 21 mars 2012

FIN DE SAISON

 
Les bagages sont prêts et Pierre va chercher l’auto qui est restée ici tout l’hiver. Il avait pris soin de mettre du WD40 sur les disques des freins pour empêcher la rouille. Super de bon résultat. Il enlève la toile dessus et ouvre le capot pour rebrancher les batteries. Il recule d’un coup en secouant les mains et me dit "Il y a deux gros serpents sur le moteur!". Il cogne et frappe mais ceux-ci ne bronchent pas. Plusieurs minutes plus tard ils sont toujours là. Pierre décide de faire autre chose et d'y retourner plus tard, les deux reptiles finissent finalement par mettre les voiles et libèrent notre voiture.
 
Le bateau est à peine prêt à sortir de l’eau que déjà, un petit passager clandestin tente de s'y installé. Un beau petit lézard est intéressé par la cabine de Jeremy qui lui, aimerait bien l'avoir comme chambreur à bord.

Nous profitons d'un dernier coucher de soleil. en Floride sur le bord de la Rivière St-John. Trois alligators déambulent affleurant la surface lisse de l’eau. le long de la baie. On distingue nettement leur dos dentelé qui glisse doucement. Un oiseau mouche s’est manifesté et est reparti aussi vite qu’il est venu,. Un cormoran plonge et ressort la tête avec parfois, un petit poisson dans le bec. Il est drôle avec son air faussement élégant à chaque fois qu’il ressort la tête.

Il n’y a pas la moindre brise depuis deux jours et le mercure monte à 30°. Par contre, les nuits sont fraîches et confortables. Une dernière balade au matin dans ce magnifique domaine jonché de chênes énormes arborant leurs branches rehaussées de mousse espagnole. Les dindes sauvages sont là aussi avec leur danse nuptiale du début de la saison des amours.
Le printemps est là et la saison de voile se termine en même temps pour nous tandis qu’elle commence pour d’autres. Nous rentrons au Québec le cœur léger et y arriverons avec les fleurs du printemps.

Bonne saison estivale et bon vent à tous les marins!

dimanche 18 mars 2012

Gibson Dry Dock, San Mateo Florida. 16 mars


Nous quittons Jacksonville, 5h45 afin de profiter du courant de la marée montante. Il fait encore nuit et la lune éclaire la surface lisse de la rivière nous permettant de distinguer les « crab pot » qui jonchent notre parcours.

Le jour se lève finalement sur un épais brouillard, si opaque qu’on n’y voit rien à  plus de 10 pieds devant. C’est fou! On évite les « crab pot » à la dernière minute, une vrai navigation à l’aveuglette. C’est notre première navigation dans un brouillard si dense. Le courant nous pousse bien et nous suivons le GPS, seule les « crab pot » posent problème, un véritable champ de mines ainsi que le risque de rencontrer un autre bateau.
 
Le brouillard est blanc et scintillant, on peut voir les gouttelettes de fine rosée briller autour de nous, comme le soleil est certainement devant, il se forme un cercle lumineux blanc derrière le bateau. On navigue littéralement dans un gros nuage. En respirant, on ressent la fraîcheur de la rosée se déposer sur notre langue. C’est très rafraîchissant surtout qu’il fait déjà 25°. La surface est si lisse qu’on avance comme sur un miroir enfumé.

Nous voyons sur la carte que le « Shands Bridge» se trouve droit devant nous. Ce pont sous lequel plusieurs bateaux ne peuvent pas passer en raison de leur tirant d'air pour se rendre à Gibson Dry Dock. Ils s’arrêtent ici, à Green Cove Spring Marina. Notre tirant d'air nous permet de passer sous ce pont mais assez juste, nous aimons toujours voir l’affiche du niveau de clairance avant de nous y engager.

Selon la carte il est juste là devant, mais le brouillard est tel qu’on ne le voit pas! Ça commence à être stressant. Pierre ralentit quand finalement il se dessine faiblement à moins de 50 pieds de nous. On avance doucement pour voir qu’il y a 46 pieds de clairance. Ok on passe!

Quelques minutes plus tard, le brouillard se dissipe complètement et laisse percer un soleil de plomb, pas le moindre souffle de vent.  En regardant mes photos, je réalise qu’on me distingue sur le balcon avant aussi nettement que dans une glace alors que je m’amusais à photographier l’étrave du bateau qui fendait l’eau de la rivière. On navigue sur un véritable miroir.
Nous arrivons à San Mateo. Avec les années nous nous y sentons chez nous. Cette petite marina, modeste, est très accueillante. Pas de place à quai à notre arrivée alors nous nous encrons en face et allons à terre en annexe. D’année en année, Tom et Gerry sont de plus en plus chaleureux avec nous et nous accueillent avec des grands sourires et gestes de bienvenue. Un bateau à quai doit partir aujourd’hui, Tom s'empresse d'aller les voir et leur demande à quelle heure ils doivent quitter car il veut libérer la place pour nous. Parfait, d’autant plus que nous y serons jusqu’à mardi prochain. Cela facilitera la préparation du bateau pour la cale sèche.

30 minutes plus tard, nous sommes confortablement installés à quai et profitons de notre petit coin bien à nous.

vendredi 16 mars 2012

St-John River

Nous larguons les amarres ce matin et entreprenons le trajet pour nous rendre à Jacksonville. Nous partons avec la marée montante pour profiter du courant de celle-ci qui nous fait gagner en vitesse et de toute façon avec le courant contre nous, on n’avance pas! Trois autres bateaux quittent St-Augustine en même temps que nous.  Le trajet se passe très bien sous une journée ensoleillée avec un petit vent frais. On dirait presque une journée d’été au Lac Champlain. Nous arrivons à destination à 16h30, l’heure à laquelle le « Main Street Bridge » de Jacksonville reste fermer pour l’heure de pointe, il ouvrira de nouveau à 18h00.

Le courant est très fort, 3 nœuds environ. Nous décidons de nous arrêter au quai de la marina juste avant le pont pour attendre. Malgré le courant, l’amarrage se fait très bien et nous accostons le bateau facilement. Nous grignotons quelques pop corn avec un petit apéro en attendant le pont quand un autre voilier arrive et veut s’amarrer aussi. Il tourne en rond et se reprend pour se diriger devant nous. Pierre et Jeremy vont pour l’aider. Il s’approche, la dame lance l’amarre avant à Jeremy qui l’attrape tout de suite. Le bateau avance un peu vite et la dame lance alors l’amarre arrière à Pierre.  Comme le bateau est encore perpendiculaire au quai celle-ci tombe dans l’eau juste devant Pierre qui réagit sur le champ et l’attrape avant qu’elle ne coule et risque de se prendre dans l’hélice du plaisancier.

À ce moment précis, le capitaine de ce bateau enclenche la marche arrière du bateau. Parfait, il va arrêter l’élan et tourner parallèlement au quai. Mais non! Il se met à reculer à plein régime, pris de panique en raison du fort courant. Pierre tente de garder l’amarre mais impossible, le bateau recule à toute allure. Pierre lance alors l’amarre à la femme sur le pont pour ne pas la laisser trainer dans l’eau et bloque l’arbre d’hélice. Jeremy avait déjà amarré le devant du bateau. Il s’empresse de libérer le câble pour le lancer aussi sur le bateau pour éviter le pire. Le navigateur paniqué lui dit de la laisser tomber à l’eau. Sa femme sur le pont semble ne pas être d’accord alors Jay s’élance et lui retourne l’amarre qui réussit à se rendre jusqu’à la femme. Celle-ci s’empresse de récupérer ce que traine à la mer. Si jamais ça s’était pris dans l’hélice, le courant les aurait emportés comme un bouchon de liège.

Finalement, il va tourner en rond devant le pont durant une heure et demi en plein courant. Jeremy s’est alors souvenu de ces plaisanciers. Ils étaient à St-Augustine dans l’air client de la marina. Ils donnaient leurs conseils à tout le monde sur comment naviguer dans la St-John River, quoi faire et ne pas faire. Ils nous avaient demandé quand nous comptions partir. Puis, avaient commencé à nous dicter quoi faire et à quelle heure partir le matin. Nous disant « J’espère que vous savez à quelle heure est la marée !» Nous les avions ignorés, les conseils sont toujours bienvenus et nous les considérons mais ce trajet nous le faisons depuis 4ans et nous le connaissons par cœur. Certains conseils nous ont été très utiles et nous ont grandement facilité l’apprentissage de la navigation en mer. On en apprend toujours. Par contre, nous avons toujours analysé chacun d’eux avant de les suivre, afin de comprendre ce que nous faisons. Les histoires de quais et conseils imposés qu’on entend parfois peuvent nous induire en erreur aussi. La décision finale vous appartient toujours.

Il y a quelques années, un plaisancier dans la Baie de Lakeworth se promenait en annexe pour aviser les autres qu’il y avait une fenêtre météo le lendemain pour le Gulf Stream. Cette information c’est répandue comme une trainée de poudre. Plusieurs sont partis le matin suivant mais sans nous et un bateau ami, Ukulu, Guy et Doris qui ont d’ailleurs été de très bons conseillés. C’était notre première traversée et Guy nous a expliqué qu’il fallait prendre en considération la houle du nord qui n’avait pas eu le temps de réduire malgré le beau temps. Nous devions attendre une journée de plus, ce que nous avons fait. Plus tard, nous avons su que la traversée des plaisanciers partis la veille fût turbulente et très inconfortable, l’un d’eu a même endommagé son bateau.

Je n’oublierai jamais cette première traversée, j’étais si impressionné. Nous avions gardé le contact radio avec Ukulu et les suivions. Il nous a appelé à un certain moment sur le VHF et nous a dit « Bienvenue dans votre premier Gulf Stream! » pour nous signaler que ça y était, nous y étions! Quel beau souvenir!

Oups! Fini de rêver, il est temps d’aller passer le pont pour s’amarrer à Jacksonville. Nous larguons les amarres et nous dirigeons directement sur celui-ci qui s’ouvre aussitôt sur notre passage. L’autre plaisancier qui tourne en rond vient passer derrière nous. Nous voyons une petite place entre un Cruiser et le mur de ciment du bout du quai. Nous décidons de nous y amarrer malgré une manœuvre serré. On y entre et accostons le bateau sur un 10 cent. Super! L’autre plaisancier qui devait s’arrêter ici aussi a finalement continué sa route.
 
Nous allons manger au restaurant sushi ce soir, a ne pas manquer en passant, "Koja" a gagner le prix du meilleur restaurant de Jacksonville. C'est délicieux. Il y a une moto en déco, une véritable oeuvre d'art toute faite de bois qui nous a fait penser à un ami  artiste qui travail le bois aussi, Jean Toulouse.   Nous avons bien profité de ce petit arrêt au milieu de la ville.

mercredi 14 mars 2012

Navigation vers St-Augustine 12 mars


Nous quittons finalement Cape Canaveral après avoir semés la femelle lamantins et son petit.  Beaucoup de bateau de croisière dont un qui sort en même temps que nous. On doit dire qu’on se sent très petit à côté. Des gens font signes de la main du rivage et du bateau de croisière. Comme nous sommes entre les deux nous les saluons aussi en riant comme si tout ce beau monde était là pour nous.

En sortant il y a des bonnes houles et ça brasse un peu mais dès que nous faisons cap vers St-Augustine passé la pointe de Cape Canaveral les vagues sont en notre faveur et nous filons très vite et confortablement. Jeremy fait le premier quart de nuit jusqu’à 23h30 suivit de Pierre jusqu’à 4h00 et je prends le dernier quart. J’ai très bien dormi et le vent est tombé. Je décide donc de cuisiner et faire du ménage suite à la navigation nocturne. Pain baguette, pizza brocheta et petit pain à l’oignon. Pendant que le pain lève je vais admirer le lever du soleil. Splendide sur cette mer lisse avec sa houle résiduel du passage des vents forts d’il y a deux jour. On se laisse voguer doucement et agréablement.

 
 
Pierre et Jeremy se lève avec l’odeur de pain frais et de café qui flotte dans l’air. Un bon petit déjeuner en famille pour souligner notre dernière navigation au large cette année. On entre sur St-Augustine mais constatons que le canal d’entrée de « l’Inlet » à changer de place. Il faut être vigilent car les déferlantes sont très près du côté Sud et assez impressionnantes avec une houle de l’Est établie. Nous sommes à l'étale et il y a peu de houle mais nous constatons que les bouées semblent avoir changé de place et qu'un gros navire semble creuser plus loin dans l'embouchure.

 Un bateau de plongeur voyant notre hésitation vient vers nous et désigne la nouvelle entrée. On les remercie et entrons très facilement jusqu’au pont à bascule pour prendre un mouillage à la marina et profiter de cette belle ville ancestrale.

Très belle navigation encore une fois. Nous irons prendre un peu de bon temps et de repos pour les 2 prochains jours. 
 


Nous prennons notre dernier repas de langoustes cette année avec les 3 que j'avais en réserve au congélateur. Un vrai délice!

Lamantins à Cape Canaveral et cruising permit


Ce matin le vent est tombé et nous sommes entourés par la nature de la Floride. Un Grand-Héron se tient élégamment au bout du quai où nous sommes amarrés tandis que des Pélicans sommeillent à l'autre extrémité derrière nous. L'un d'eux s'envole et s’échoue lamentablement sur le bout d’un piler tel un débutant, atterrissage manqué. Moi et Jeremy rions devant ces oiseaux au mouvements si maladroits.

Nous allons chercher notre « Cruising Permit » et ne profitons pour fouiner dans les petites boutiques sur la route. Plusieurs petites terrasses en bordure du canal et beaucoup de monde. Nous savons maintenant ce qu’est un Cruising Permit en raison de l’explication du douanier de St-Augustine l’année dernière mais demandons tout de même à ses douaniers les conséquences de ne pas l’avoir. Les deux douaniers se regardent l’air perplexe et un long silence s’en suit chacun attendant la réponse de l’autre qui n’arrivera jamais. Ils savent au moins que c’est pour t’éviter des frais d’entrée et de sortie dans chaque port et nous disent qu’avec le Cruising Permit, tu n’as pas besoin de te rapporter dans tous les ports.  C'est parfois contradictoire mais puisqu’ils sont deux en plus des 3 autres douaniers présents qui confirment on ne va pas insister pour se rapporter partout quand même. Le douanier de l’année dernière était plus explicite et savais de quoi il parlait… du moins il en avait l’air! Voire page de blogue plus ancienne : http://tempsdevivre2.blogspot.com/2011/03/cruising-permit.html

Il fait beau et chaud et nous décidons de lever l’ancre à 15h00 pour naviguer toute la nuit et nous rendre directement à St-Augustine par le large. Je démarre le moteur quand Pierre me crie de venir voir dehors. Je le vois regarder le tuyau d’échappement du moteur que rejette l’eau à la mer. Je m’approche et…. Quelle ne fût pas ma surprise de voire une énorme femelle lamantin s'abreuver à même le pot d’échappement! Comme elle se déplace lentement elle passe entre le safran et la quille. Si nous enclenchons l’embrayage, elle se retrouvera blessée par l’hélice. Pourquoi boit-elle cette eau chaude, salée et franchement qui doit goûter le moteur. Jeremy nous dit alors qu’un plaisancier que nous avons rencontré, Douglas du bateau Carefree lui avait dit que les lamantins aiment l’eau douce. Les plaisanciers laissent le boyau d’arrosage s’écouler dans la mer entre l’utilisation et les lamantins viennent s’y abreuver. L’explication est que cette pauvre femelle croyait que notre échappement lui procurerait de l’eau douce. Nous savions déjà qu’il ne faut pas caresser ces vaches de mer qui broutent car ils viennent et s’habituent aiment les humains. Ce qui les met en danger d’être blessés par les hélices des bateaux. Même chose avec l’eau douce. Nous avons dû couper le moteur pour cesser de déverser de l’eau et avancer le bateau avec les amarres à l’autre bout du quai. Nous avons attendu un peu et avons démarré le moteur et quitter le quai rapidement avant que le bruit de l’eau qui s’écoule ne l’attire à nouveau avec son petit.

Ce sont des bêtes très affectueuses avec leurs petits yeux  piteux. Ils nagent lentement et gracieusement en ondulant la queue de haut en bas. L’histoire raconte qu’ils seraient à l’origine de la légende de femmes ayant une queue de poisson, une sirène! Les marins auraient aperçu la queue de ces bêtes qui nagent langoureusement. Probablement qu’ils étaient trop fatigués ou trop ivres pour discerner leur tête chauve, leur visage ridé et leur menton couvert de petits poils. Ha ha ha! J'ai trouvé cette photo qui "pourrait" faire penser à des sirènes... Peut-être, avec quelques rhum derrières la cravate.

Entrée en Floride


Nous entrons sur Fort Pierce et comptons aller faire nos formalités. Il y a un magnifique arc-en-ciel à notre arrivée sous calme plat. Le front froid est prévu pour ce soir. On avise la marina que nous venons d'arriver des Bahamas et voulons faire nos douanes. On nous dit de continuer sur Cape Canaveral pour y faire nos formalités.Les autorités sont avisés. Parfait!

Nous affichons donc notre pavillon jaune et continuons notre route pour arriver avant le soir. Nous nous arrêtons dans un magnifique petit ancrage à l'embouchure de Banana River. Cocotiers , villas ainsi qu'une belle petite marina ornent le rivage qui est très bien protégé pour la météo prévu pour la nuit.

Au matin, il pleut des cordes et il y a des pointes de vent jusqu'à 30 noeuds. Pas vue de pluie de l'hiver mais là, c'est le déluge..! Le bateau a droit à un bon rinçage, parfait! Nous ne sommes qu'à 15 miles de Cape Canaveral et attendons que ça se calme un peu. Nous levons l'ancre à 11h00, la pluie à cessé mais le vent est toujours présent. Nous naviguons avec un mouchoire, c'est à dire presque pas de génois, si peu qu'on utilise l'expression "naviguer avec un kleenex" et le vent nous pousse au largue à bonne vitesse.

Nous arrivons à l'écluse, nous y entrons et voulons nous accoster sur la cloisons qui est sous le vent pour pouvoir partir plus facilement car il vente encore très fort. L'éclusière nous demande de nous accoster sur l'autre côté. Bon, on exécute mais ça ne sera pas facile de sortir de là avec le vent qui nous plaque contre le rempart. Voilà! L'écluse s'ouvre et nous pouvons sortir. Le vent monte en rafale au moment, nous tentons de faire la manœuvre et celui-ci nous ramasse de plein fouet faisant tourner le bateau sur lui même en sens inverse. Pierre décide donc de faire un 360° dans l'écluse car avec les 30 nœuds de vent qui nous frappe le côté impossible de remonter le nez du bateau vers la sortie avec si peu d'espace. Quel stress!

Il tourne donc sur lui même et avec l'élan réussit à se remettre le nez vers la sortie, quelle idée aussi de nous demander de s'accoster sur le côté où le vent nous accole au mur. facile dans sa petite cabane de dire quoi faire! Il y avait peut-être une raison mais pour l'instant nous n'approuvons pas trop. On sort finalement indemne et allons nous accoster à la marina de Cape Canaveral. On téléphone la douane et faisons nos fromalités par téléphone. Tout est réglé à l'exception que nous devrons nous rendre sur les lieux demain pour renouveler notre permis de navigation.

Une belle soirée relaxe au quai de la marina avec les commodités de la place nous fera le plus grand bien en attendant que le vent baisse.

lundi 12 mars 2012

9 mars, traversée du Gulf Stream


Une petite fenêtre météo entre deux fronts froids s’ouvre pour la traversée du Gulf stream. Les houles importantes de 7 à 11 pieds qui chevauchent cette fenêtre nous font hésiter. L’accalmie entre les deux aura une moyenne de 4 à 8 nœuds de vent du SSE et une houle de 2 à 4 pieds de ENE aux 10 secondes, très longue malgré la composante Nord. Nous avons 36 heures et pourrons nous rendre à Fort Pierce. Après avoir bien analysé avec la météo le matin même, nous décidons de partir.

La mer est encore plus douce que prévu, le calme avant la tempête. Cela me rappel notre première expérience de voile au Lac St-Jean. Une journée parfaite avec un vent parfait qui ont fait de nous les mordus de voile que nous sommes. C’était la veille du fameux déluge.

Nous naviguons les 45 premiers miles nautiques à voile pure au largue avec un vent d’environ 10 nœuds du SE. Les houles sont de 1 à 2 pieds tout au plus avec un soleil radieux,  un vent est frais et sec, journée splendide. Des bancs de poisons volants virevoltent d'un côté à l'autre du bateau.  Après les 45 miles, la nuit, le vent et le peu de houle qu’il y avait sont tombés.  Le calme plat, jamais vue le Gulf Stream aussi tranquille. Les seules choses qui nous rappellent que nous y sommes sont la température de la mer à 83° et le courant qui nous pousse à 7 nœuds avec très faible régime de moteur.

Beaucoup de trafique la nuit, un bateau de croisière passe assez près derrière. Un peu plus tard, un autre me rattrape et passe juste devant nous. Suivant le RIPAM : Règlement International pour Prévenir les Abordages en Mer, en français ou COLREG pour: Collision Regulations, en anglais  "tout navire qui en rattrape un autre doit s'écarter de la route de ce dernier" (règle 13, § a, du RIPAM). Par contre, il a plus d’envergure que nous et a tout pour nous intimider alors j’applique la règle 8, § c, du RIPAM qui dispose que "si cela est nécessaire pour éviter un abordage ou pour laisser plus de temps pour apprécier la situation, un navire doit réduire sa vitesse ou casser son erre"... j’ai réduit la voilure et me suis mise face au courant pour casser l’erre, soit la vitesse résiduelle lorsqu'il n'a plus de propulsion. Le capitaine du bateau m’a vue, il m’a éclairé de son faisceau lumineux en balayant la surface lisse de la mer. Je faisais alors du sur place sur son côté tribord contre le Gulf Stream en gardant une distance sécuritaire et attendant qu’il passe devant puis, il a accélérer pour libérer le  passage.  Preuve qu’il faut être vigilant et avoir en tout temps une vigie.
 
La nuit s’est très bien déroulée, un remorqueur au loin tire une énorme barge à plus de 200 mètres derrière lui.  Plus on approche de la Floride plus il y a du trafique maritime mais ça se fait très bien.


Sauriez-vous reconnaître un navire à ses feux la nuit?

dimanche 11 mars 2012

Journal de bord de Martin


Vague au joli roulis
 roule, roule je t`épie
 le doux ron ron de ton sommeil
 charme mon oreille
 quand tu seras fatiguée tu t`arrêteras
 mais une valse aussi gaie
 ne s`arrête pas
 roule roule vague sur la mer
 roule roule encore.

Merci pour votre accueil à bord et d`avoir partagé ces expériences avec nous, ce fut très agréable et très apprécié. Now I know one thing “I`M THE REAL MAN BUT WHITE THE LITTLE PILLS (Citation : Vernon à propos des stugeron)

Bon retour vers chez vous et où que vous soyez, quoi que fous fassiez, profitez au maximum Bye Bye de toute la famille.

Martin

Entrée à Port Lucaya, Freeport, 2 mars

Durant la nuit, j’aperçois un feu blanc qui ressemble à un feu de mouillage, cette lumière blanche qui brille comme une étoile au bout du mât qu'on allume pour être vue lorsque l'on est à l'ancre. Par contre, aucun feu de navigation alors que nous sommes dans plus de 3000 pieds de profondeur, ça ne peut donc pas être un bateau à l’ancre! Je distingue de la lumière à la base de ce mât illuminé. Pierre se lève et vient voir ce qu’il en est.

Ça ressemble une à une petite plateforme avec un feu blanc en hauteur. Bon nous décidons de changer notre cap pour s’éloigner cet obstacle incertain. Tout à coup, des feux de navigations s’allument et nous constatons que c’est un gros Catamaran. Il vient de se réveiller au quoi? Pas de feu de navigation en pleine mer! En plus, il change de cap et fonce droit sur nous, heureusement que nous ne dormons pas, on fait un autre virement de bord et changeons notre cap une deuxième fois pour éviter l’impact. Le cata passe finalement sur tribord d’assez près. Bon tout est Ok maintenant, cela nous aidera à rester éveillés pour le reste du trajet quoi que nous nous passerions bien de ce genre de stimulant. Le reste de la nuit se déroule sans autre incident.

Pierre a pris son quart à 4h30 du matin et entre maintenant sur Port Lucaya, 8h30. Il me réveille avec un bon café pour que je puisse admirer l’escorte de dauphins qui nous accueille. Il fait un soleil radieux et le vent est resté stable durant toute notre navigation.

mercredi 7 mars 2012

Navigation de nuit, 2 mars

 Nous levons l’ancre très tôt ce matin pour nous diriger vers Grand Bahamas. Le vent n’est pas très présent, à peine 8 nœuds au maximum. Par contre il est du Sud-est ainsi que la houle de 2 pieds, ce qui nous pousse vers notre destination. Nous voulions arrêter à Great Harbour mais la navigation va si bien que nous décidons de rentrer directement sur Port Lucaya et de naviguer toute la nuit.

Le soleil descend doucement à l’horizon et la nuit s’annonce douce. Jeremy offre de faire le premier quart. Nous naviguons au largue, la vent souffle un peu plus durant la nuit ce qui stabilise le bateau. 
Il est 2h00 du matin. Je viens de prendre mon quart après celui de Jeremy. J’ai bien dormi et je constate qu’il fait chaud et la nuit est belle, j’en profite pour écrire quelques courriels à mes amis.

La mer est calme, la brise légère et il y a une belle demi-lune qui est sur le point de se coucher. Aussi beau qu'un coucher de soleil! Elle est couleur d'ambre et les deux seuls nuages du ciel s'étirent finement et viennent la caresser avant qu'elle ne disparaisse à l'horizon.

J'ai croisé quelques bateaux de croisière, il y en a un derrière nous au loin. Je suis comme seule au monde au milieu de nul part et mes hommes dorment. Cette année nous n'avons pas navigué de nuit et je constate que ça me manquait. Attend! Je dois aller mettre le nez dehors pour voir s'il n'y aurait pas un autre navire qui apparaît au loin et serait sur ma route...

Bon, voilà! Rien à signaler sauf le bateau de croisière qui est toujours derrière, comme j'aperçois son feu de navigation tribord, je sais qu'il se dirige vers la Floride, il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter. Je viens de voir par la même occasion que la lune est couchée. Il semble que je sois la seule encore debout, du moins dans les environs. 
Nous sommes à 35 miles nautiques de Freeport et y serons demain matin. Il y a un front froid qui arrivera dimanche alors nous resterons là quelques jours et en profiterons pour visiter l’île.

Bon! J’ai terminé d’écrire pour cette nuit, je retourne dehors admirer les étoiles. Maintenant que la lune a disparu pour faire place à l’obscurité la plus totale, on les distingue aussi bien que des diamants sur un écrin de velours s’étendant au firmament. Le vent chaud sur mon cou et la mélodie du son des légers roulis agrémentent cette douce nuit. Des dinoflagellés, ces minuscules organismes aquatiques à bioluminescence qui scintillent lorsqu’on les dérange, s’illuminent tout autour du bateau d’une lumière bleu-vert sous la force de l’étrave qui fend les flots en agitant la surface de cette mer noire. C'est magnifique! Même lorsque je rêvais déjà étant enfant, de devenir capitaine et de naviguer la mer, jamais je n’aurais imaginé un tel spectacle! La vie en mer, et surtout la navigation de nuit, surpassent ce que j’imaginais dans mon cœur d’enfant.

Current Cut, Eleuthera

Belle journée de navigation, nous arrêtons après avoir passé le « Current Cut » entre Eleuthera et Current Island, beaucoup de courant mais comme il était dans la même direction que nous, tout s’est bien passé. L’eau est toujours aussi belle et limpide que dans les Exhumas mais avec touche plus bleutée. 

Il y a une petite villa juste devant notre ancrage. Elle est de forme ronde en pierre des champs, entourée d’une véranda avec petit pont à l’avant qui mène à une terrasse sur la plage avec hutte et hamac qui ajoute au confort. Elle est magnifiquement située avec plage de sable blanc et rocaille naturelle. La plage s’étire et descend en pente douce dans la mer aussi limpide que du Crystal. Il est rare que je troquerais quelques jours dans une villa en bordure de mer contre le plaisir que j’ai d’être sur celle-ci dans mon bateau. Mais cette villa avec vue sur le large côté du soleil couchant est superbe. J’y resterais bien quelques jours, un beau coin de paradis.

Nous en profitons pour une petite balade de fin de journée après la navigation. Les moustiques me rappellent ce que j’aime moins d’être sur la terre ferme. Sur un bateau lorsque l’on se tient à bonne distance du rivage, le vent les chasse et nous n’avons pas ces bestioles indésirables qui viennent vous déguster à la même heure que vous dégustez votre apéro! Nous croisons une locale au moment où nous admirons une plante spectaculaire de par sa dimension. La femme nous explique que cette énorme tige à terminaison florale est en fait la fleur de cette plante semblable à un aloès. Comme toute les plantes vivaces, la fleur meurt après la floraison et ne refleurira que dans 3 ans. La tige ressemble à celle d’une asperge géante portant des touffes de couleur jaune serin à l’extrémité. Je me sens très petite à côté de cette fleur qui a la taille d’un arbre.



Le petit village avec des chats présents partout et ses petites maisons construites, on aurait dit, pour des gens de plus petites tailles. Le parfum de la mer et le son du vent présent ce jour là me rappel vaguement la Grèce. Naxos pour être exacte, une île magnifique dans les Cyclades. Un jeune de la place passe devant nous en courant et alertant ces amis. Il avait un grand serpent enroulé autour de son poing, les autres jeunes incluant Jeremy s’approche pour voir ce reptile impressionnant, du moins pour nous! Je lui demande : « Il n’y a pas de danger qu’il te morde? » Il répond « Pas pour le moment! » et les jeunes se mettent à rire. Leurs occupations font changement des jeux vidéo en tout cas!
 
Des pêcheurs sont sur le quai et arrangent des « gray snapper » le Bahamien qui écaille les poissons a plus d’écailles sur lui que sur les poissons réunis sur le quai. Les gens sont souriants, gentils et courtois. Charmant petit village typique avec végétations luxuriante. Une petite épicerie dépanneur est là mais rien de très élaboré. Un bureau de poste et une petite librairie. Petite escale reposante et très jolie qui se termine sur un autre fabuleux coucher de soleil.