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vendredi 25 février 2011

Démystification sur la Ciguatera

Le coupable identifié
Les toxines qui provoquent la ciguatera (appelées ciguatoxines) sont généralement produites par un micro-organisme qu’on appelle dinoflagellé. Ce microbe prolifère sur les coraux morts et se fixe aux algues. Les petits poissons qui viennent se nourrir de ces algues ingèrent les toxines produites par les dinoflagellés. Ces poissons sont mangés par des poissons de plus grande taille qui, à leur tour, sont mangés par d’autres, ce qui provoque une concentration de toxines de plus en plus élevée à mesure que l’on avance dans la chaîne alimentaire. Les toxines semblent toutefois être inoffensives pour les poissons.
Les ciguatoxines font partie des substances biologiques les plus dangereuses que l’on connaisse. Heureusement, “ seules quelques espèces de poissons sont vectrices de la ciguatera ”, signale un journal officiel australien. Les ciguatoxines ne modifient ni l’aspect, ni l’odeur, ni le goût du poisson. Et elles ne sont pas détruites par la cuisson ni par aucun autre procédé (séchage, salage, fumage, marinage, etc.). En ce qui concerne Arebonto, rien dans le poisson qu’il avait consommé ne l’avait averti de sa toxicité jusqu’à ce qu’il ressente de graves troubles gastro-intestinaux, cardiovasculaires et neurologiques.

Diagnostic et traitement
À ce jour, il n’existe aucun essai de laboratoire permettant de dépister la ciguatera chez les humains. Le diagnostic ne s’établit qu’après l’apparition de divers symptômes, qui se manifestent généralement quelques heures après le repas (voir l’encadré de la page ci-contre). Il peut être confirmé par une analyse des restes du poisson. Si vous pensez être contaminé, il serait prudent de consulter un médecin. Même si l’on n’a pas encore trouvé d’antidote, des médicaments peuvent soulager les symptômes, qui s’estomperont généralement en quelques jours. Il faut aussi savoir que la ciguatera peut être débilitante. Un traitement immédiat empêche donc que ses effets ne deviennent chroniques.
La gravité des symptômes varie en fonction de plusieurs facteurs : la toxicité du poisson, les parties du poisson ingérées, la quantité consommée, le taux de ciguatoxines déjà présent dans l’organisme du sujet et l’origine du poisson (les toxines semblent légèrement différer d’une région à une autre). Également, au lieu de s’immuniser contre ces toxines, l’organisme y devient plus sensible, ce qui aggrave les crises suivantes. En outre, la consommation d’alcool exacerbe les symptômes. Pour éviter une rechute, il est préférable de ne pas manger de poisson pendant 3 à 6 mois, explique un ouvrage spécialisé.
Les sujets gravement atteints peuvent être malades plusieurs semaines, voire plusieurs mois et parfois des années. Les symptômes sont alors semblables à ceux du syndrome de fatigue chronique. Dans de rares cas, la mort peut survenir à la suite d’un choc, d’une insuffisance respiratoire ou cardiaque, ou d’une déshydratation. Mais les sujets concernés ont généralement consommé des morceaux de poisson où la concentration des toxines est très élevée, comme la tête ou les viscères.

Une énigme subsiste
Presque tous les poissons qui vivent dans les récifs coralliens ainsi que leurs prédateurs sont potentiellement ciguatoxiques. Mais c’est là que se situe l’énigme. Des poissons d’une même espèce peuvent être très toxiques dans un récif et ne pas l’être dans un récif voisin. Pareillement, des espèces généralement incriminées dans une certaine région du monde pourront être considérées comme sans danger dans une autre. Étant donné que la production de toxines par les dinoflagellés est irrégulière, on ne peut prévoir ni où ni quand les poissons seront toxiques.
Pour ne rien arranger, il est difficile de mettre au point un test rentable et fiable qui permettrait de détecter la toxicité des poissons. Pour l’instant, tout ce que peuvent faire les autorités médicales consiste, à partir des cas de ciguatera recensés, à informer le public sur les espèces à ne pas consommer et sur les zones de pêche à risque. Voici quelques-unes des espèces les plus suspectes : barracuda, mérou, bourrugue, vivaneau rouge, rascasse, happeur et murène. Les poissons jeunes et de taille petite ou moyenne sont généralement moins dangereux. À certains endroits, il est illégal de vendre des poissons susceptibles d’être toxiques. Par contre, les poissons de haute mer qui ne se nourrissent pas de poissons de récif et les poissons des eaux tempérées sont en règle générale considérés comme inoffensifs.
On s’attend à une augmentation du nombre de cas de ciguatera. Pourquoi ? En partie parce que les coraux morts constituent un milieu favorable à la prolifération des dinoflagellés. Or, des études révèlent que de plus en plus de récifs coralliens sont malades ou meurent.
Malgré le caractère imprévisible de la ciguatera, il est possible de s’en protéger en suivant quelques principes de base (voir l’encadré ci-dessus). Arebonto a failli mourir parce qu’il n’a pas tenu compte de ces conseils. Il a mangé la tête et la chair d’une rascasse connue pour présenter un risque élevé. Il avait consommé cette espèce à plusieurs reprises sans tomber malade et, comme bien d’autres insulaires, il ne se méfiait plus.
Cela signifie-t-il que vous ne devriez pas manger de poisson si vous partiez en vacances sous les tropiques ? Pas du tout. Montrez-vous simplement prudent en tenant compte des avertissements et en choisissant correctement votre poisson.
Tous les cas n’étant pas diagnostiqués ou signalés, on ne connaît pas exactement l’incidence de la ciguatera à l’échelle mondiale. Selon plusieurs spécialistes, il y aurait chaque année quelque 50 000 cas.
Les dinoflagellés appartiennent à l’espèce Gambierdiscus toxicus
Référence : g 7/06 19-21

"SE BAIGNER DANS LES ÉTOILES 

  Sur l’île de Vieques, au large de Porto Rico, se trouve une petite crique appelée la Baie bioluminescente. Cette baie mérite bien son nom, car elle contient, dit-on, la plus forte concentration au monde de dinoflagellés, des organismes aquatiques phosphorescents. Dès qu’on les dérange, ces minuscules êtres vivants se mettent à briller d’une lumière bleu-vert. Cette particularité donne lieu à l’un des spectacles de la nature les plus surprenants.
  Les visiteurs qui viennent au lagon de nuit remarquent tout d’abord la luminescence produite par les poissons effarouchés qui s’éloignent du bateau comme des flèches. Dans les eaux sombres, leurs sillages s’illuminent telles des étoiles filantes vertes. Puis, quand les amateurs de baignade entrent dans l’eau, chacun de leurs mouvements se voit dans l’obscurité. Qu’ils lèvent les bras et des gouttelettes en retombent pareilles à des étoiles qui scintillent. “ On croirait se baigner dans les étoiles ! ” s’est exclamé un visiteur.

Référence : g10/08 14-17

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