
Jeremy reste debout à naviguer jusqu’à 2 :00 du matin.
Nous sommes à quelques miles du Gulf Stream quand Pierre prend son tour. Comme
j’ai navigué la nuit d’avant ils prennent la relève cette nuit. Nous entrons
dans le Gulf Stream, tout va toujours bien jusqu’à maintenant et nous sommes
agréablement surpris de notre nouveau pilote automatique, aucun de nos pilote
précédent n’a jamais tenu le cap dans le Gulf, celui-ci, un Simrad le tient
parfaitement. Parfait moins difficile comme ça et comme c’est moi ou Jeremy qui
barre habituellement pour que ce soit plus confortable, ça nous permet de nous
reposer. Pierre est très heureux de faire équipe avec ce pilote que nous
appelons affectueusement Pedro.
À 4 :00 du matin le vent se lève et la houle ne tarde
pas à suivre, je savais que nous devions arrivée avant 8 :00 mais il
semble que le vent soit au rendez-vous un peu plus tôt que prévu. Le pilote
tient bon et le bateau se comporte très bien. La navigation est par contre moins
confortable mais nous y étions tous préparés. Nous sortons du Gulf Stream juste
à temps, nous sommes à 10 mn de l’entré de Port Everglades et le vent forcit.
Notre vitesse est resté de 7 nœuds avec des pointes de 8-10 nœuds. Nous entrons
donc plus tôt que prévu fort heureusement. Les vagues se forment avec des
pointes de vent qui atteignent près de 25 nœuds maintenant mais sont toujours
SE, donc au largue et nous poussent. Nous surfons littéralement sur les houles
et avançons à une vitesse record, puis le bateau s’incline sur tribord et remonte
sur une autre houle. Certaines s’élèvent jusqu’à 8 pieds et nous arrivent en
angle sur l’arrière côté bâbord comme un mur qui nous soulève et nous propulse
en avant précipitamment. Pedro assure toujours et tient le cap. Deux ou trois
déferlantes sont venus asperger Pierre de plein fouet en fracassant le franc bord du bateau. Quelques ustensiles volaient à l’intérieur de part en part du bateau à
chaque gîte entre deux houles. Nous entrons enfin sur Port Everglades avec une
allure vertigineuse. Un gros voilier nous barre la route en traversant l’entrée
des bouées du canal. Impossible de ralentir avec la voile déployée, Pierre
prend la barre pour tenter de le laisser passer. Celui-ci accélère et nous nous
engageons dans le canal juste derrière lui sans difficulté.
Nous atteignons enfin le brise lame et POUF! Plus de vague,
tout s’apaise! Il est 5 :00 du matin et Pierre a effectué cette entrée
rocambolesque comme un pro. Si nous étions partis de Nassau ne serait-ce que 2
heures plus tard, nous n’aurions pas pu traverser ou pire aurions été dans une vrai laveuse à linge. Pierre est très heureux
de mon intuition en partant de Nassau de nuit. Nous nous engageons dans l’ICW
(Intra Coastal Waterway), quel canal paisible quand même. Nous passons tout
droit l’ancrage du Lac Sylvia et faisons demi-tour devant le pont Las Olas de
Fort Lauderdale et sans le savoir, nous passons juste à côté du bateau Furteur
que nous avons côtoyé cet l’hiver.

Nous trouvons finalement le Lac Sylvia malgré la fatigue et
nous y ancrons pour dormi le peu de nuit qu’il reste. Nous sommes très heureux
d’être arrivée.