Une navigation parfaite, à voile pure. Le bateau glisse confortablement sur la mer qui nous chante une magnifique berceuse. Nous nous sommes arrêtés en chemin sur un récif car les
hommes voulaient aller pêcher. Nous ancrons les bateaux et après un dîner
rapide ceux-ci quittent pour explorer le récif. Pendant ce temps je me dis que
je vais aller plonger autour du bateau. J’enfile mon équipement d’apnée et
descend doucement dans cette eau turquoise. Elle est si claire que les rayons
du soleil filtre sous la surface. Il y a beaucoup de petites méduses translucides
qui miroitent une teinte rosée parfois améthyste, un fin fil scintillant orne
le rebord de leur petite tête ronde ainsi que le motif de fleur à quatre gros
pétales au centre de leur tête. Elles
sont comme des bulles de savon qui flottent dans l’air. Joli spectacle.

Je décide de nager jusqu’au bateau ami qui nous accompagne depuis
Staniel Cay, « Fureteur ». Je me hisse dans leur annexe et cogne sur
la coque. Personne! Peut-être que Geneviève s’est endormie pendant que les gars
sont à la pêche. Il faut dire que l’ancrage est très rouleur. Je tente de
l’interpeller mais toujours rien. Je suis un peu inquiète mais peut-être que je
n’ai pas remarqué et qu’elle a accompagné nos pêchers. Je replonge dans cette eau couleur piscine et
retourne à notre bateau en vérifiant les ancres.
« Jeremy!
Vient m’aider » s’écrit Pierre en sortant la tête hors de l’eau. « J’arrive! » Pierre a déniché un énorme crabe de corail et
celui-ci refuse de sortir de son habitacle. Jeremy tente de l’en déloger mais
il s’est bien accoudé aux parois de son antre et refuse de céder. Jeremy le
repousse alors pour que Pierre le saisisse de l’autre côté. Une patte se
distingue sous la roche, Pierre la saisit et voilà! La prise du jour, en plus
nos trois pêcheurs ont chacun une belle langouste de prise. Première prise pour
Sébastien qui expérimente pour la première fois les Bahamas.
Je suis sur la plage arrière du bateau à prendre un douche
quand je perçois du mouvement sur le rivage. Bizarre, il me semble que cette
île n’est pas habitée. Je me demande s’il n’y a pas quelqu’un en train de
m’espionner. Je descend pour finir de m’habiller dans le bateau au cas où.
J’empoigne les jumelles et sort, j’aperçois les hommes qui reviennent, je suis
surprise de constater qu’ils ne sont que trois. Mais où est Geneviève, j’espère
qu’elle n’a pas eu un malaise car elle est enceinte de 6 mois. J’aurais
peut-être dû entrer dans le bateau.
« Regarde ça ma belle! » me dit Pierre en brandissant
fièrement son énorme crabe, Jeremy s’empresse de me raconter leur histoire de
pêche avec beaucoup d’enthousiasme. « Super! Mais dîtes donc, où est
Geneviève? Je suis allé sur le bateau et je n’ai pas eu de réponse! »
Sébastien me répond « Je l’ai débarqué sur la plage, elle est assise sous
le petit arbre à l’ombre pour écrire un journal pour le bébé! » . Là je
suis perplexe, moi qui pensais que quelqu’un m’espionnait, Je me sens pas mal
ridicule maintenant.
Les crabes de corail sont bons mais à ce temps-ci de l’année
ils ne sont pas plein, un peu comme le homard, il y a des saisons. Il était
tout de même délicieux. Nous passons la nuit à Little Farmer, un ancrage plus confortable un peu plus au Sud.